TVA et holding : comment optimiser la déduction ?

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La TVA reste un sujet épineux, particulièrement pour les holdings. Comment s'y retrouver entre holding pure et holding animatrice, surtout quand il s'agit d'optimiser la déduction de TVA ?

Voyons les règles d'assujettissement actuelles : cet article clarifie leur application concrète aux holdings, détaille les opérations concernées et montre comment sécuriser votre droit à déduction.

On s'appuiera ici sur la jurisprudence récente et les dernières mises à jour réglementaires. Alors, prêt à transformer ces subtilités fiscales en avantage stratégique pour votre structure ?

Sommaire

  1. Définition et typologie des holdings
  2. Régime de TVA applicable aux holdings
  3. Mécanismes de déduction de la TVA
  4. Obligations déclaratives et contrôles
  5. Stratégies d'optimisation fiscale
  6. Jurisprudence et évolutions réglementaires

Définition et typologie des holdings

Holding pure vs holding animatrice : distinctions clés

La distinction entre holding pure et société de gestion active conditionne directement les règles de TVA. La première se contente de détenir des participations, tandis que la seconde intervient concrètement dans les affaires de ses filiales. Cette différence structurelle détermine leurs obligations comptables et leur régime fiscal.

Caractéristique Holding Pure Holding Animatrice
Activité Principale Gestion de participations financières Gestion active des filiales, prestations de services
Assujettissement à la TVA Non assujettie (généralement) Assujettie si facturation de services aux filiales
Déduction de la TVA sur les achats Non déductible Déductible si lien direct avec l'activité taxable
Coefficient de Déduction 0 (pas d'activité commerciale) Calculé en fonction des recettes soumises à la TVA
Taxe sur les Salaires Soumise si non assujettie à la TVA sur 90% du CA Potentiellement soumise, dépend de l'assujettissement TVA
Légende : Ce tableau compare les aspects clés de la TVA pour les holdings pures et animatrices. L'assujettissement et la déductibilité dépendent de l'activité réelle et de la facturation des services.

Rôle économique des différentes structures

Les sociétés mères actives génèrent du chiffre d'affaires ouvrant droit à déduction via des prestations facturées à leurs filiales : conseil stratégique, gestion comptable ou support opérationnel. La TVA applicable à ces transactions permet une récupération partielle ou totale en fonction du coefficient d'assujettissement ou de taxation de la société.

Pour récupérer intégralement la TVA, la société doit démontrer qu'elle réalise des services à l'ensemble des filiales qui versent des dividendes à la Holding. En outre, la société ne doit pas recevoir d'autres produits financiers exonérés qui seraient considérés par l'administration comme non accessoires.

En pratique, le choix de structure impacte directement la trésorerie du groupe et la rentabilité de l'activité.

Régime de TVA applicable aux holdings

Critères d'assujettissement à la TVA

L'assujettissement à la TVA repose sur plusieurs conditions légales qu'une société doit remplir. Voici les éléments déterminants pour la gestion fiscale :

  • Réalisation d'opérations économiques impliquant la fourniture de biens ou services à titre onéreux
  • Exercice habituel d'une activité, les opérations devant être régulières et non occasionnelles

Une société holding non assujettie à la TVA subit des conséquences directes : Prenons le cas d'une holding pure : elle ne peut récupérer la TVA sur ses achats ou frais de fonctionnement. Ce statut simplifie certes la comptabilité mais elle se retrouve à supporter la TVA comme une charge.

Opérations soumises à exonération

Certaines activités des holdings échappent à la TVA.

En pratique, la simple détention de participations et la perception de dividendes ne constituent généralement pas une activité économique taxable.

De même, les opérations financières réalisées par la société holding, telles que les prêts à ses filiales peuvent aussi bénéficier d'exonérations fiscales sous conditions (article 261 C du CGI).

Ainsi, il convient de déterminer si les dividendes reçus ou si les intérêts perçus constituent des produits qui permettent ou non de déduire la TVA.

Mécanismes de déduction de la TVA

L'évaluation des droits à déduction de la TVA repose sur une méthode bien précise.

Le coefficient de déduction s'avère déterminant pour calculer le montant récupérable sur les achats et services.

Pour déterminer ce coefficient, il convient d'identifier si chacun des coefficients qui le compose sont égal à l'unité.

Par principe, la déductibilité dépend directement de l'assujettissement à la TVA de la société. Quand une filiale verse des dividendes, cela influence le calcul global. Les dépenses liées à la gestion du groupe - salaires, frais comptables ou investissements - doivent donc être rigoureusement tracées pour optimiser la déduction de la TVA.

Coefficient d'assujettissement

Ce coefficient traduit la proportion d’utilisation du bien ou du service pour la réalisation d’opérations entrant dans le champ d’application de la TVA. C'est ce coefficient que l'administration utilise par exemple pour empêcher la déduction de la TVA en cas d'utilisation à titre personnelle d'une dépense.

Ainsi, au titre d'une holding, si cette dernière perçoit des dividendes, elle reçoit ainsi des produits hors du champ d'application de la TVA.

La jurisprudence considère toutefois que ces derniers ne sont pas à prendre en compte si la Holding réalise des prestations de services au profit des filiales concernés. Ainsi, une Holding active qui réalise des services à chacune de ces filiales a un coefficient égal à l'unité (1).

Coefficient de taxation

Ce coefficient traduit la proportion d’utilisation du bien ou du service pour la réalisation d’opérations ouvrant droit à déduction. Il est de 1 pour des dépenses directement affectées à des activités taxables et de 0 pour des activités non taxables comme certaines activités financières et bancaires.

Le calcul est opéré par référence au chiffre d'affaires de l'année en cours.

De manière simplifiée, il est possible de déterminer un coefficient global pour toute l'activité.

Voici comment ça marche : on multiplie les taxes engagées par le ratio entre les recettes imposables et le chiffre d'affaires total en lien avec des opérations entrant dans le champ d'application de la TVA (hors dividendes par exemple). Ce mécanisme s'applique notamment aux sociétés mères actives dans la gestion de leurs filiales.

Ainsi, une holding qui réalise des services à chacune de ces filiales sans toucher des intérêts aura un coefficient de taxation égal à 1 et pourra ainsi déduire la TVA supportée (à l'exception des exclusions légales comme sur les dépenses en lien avec le transport).

Une holding qui percevrait des produits financiers exonérés devrait en principe ne déduire que partiellement la TVA : elle peut toutefois tenter de démontrer que les produits financiers exonérés sont accessoires et ainsi déduire pleinement la TVA.

Obligations déclaratives et contrôles

La constitution d'une holding nécessite le dépôt et le suivi de différentes obligations fiscales.

Déclaration CA3 des services intracommunautaires

Les holding sont tenus de déposer des déclarations de TVA : la déclaration de TVA CA3 sert aux sociétés au régime réel pour déclarer les opérations réalisées chaque mois.

Autoliquidation de la TVA sur les prestations de services acquises auprès de fournisseurs internationaux

Pour les services transfrontaliers, la TVA est généralement autoliquidée par l'acheteur.

La holding française doit indiquer le montant dû sur la ligne "Achats de prestations de services réalisés auprès d’un assujetti non établi en France (article 283-2 du code général des impôts)" de la CA3.

En l'absence de droit à déduction, une holding qui acquiert des prestations auprès d'un assujetti non établi en France devra autoliquider la TVA sans droit à déduction : cela entraîne ainsi un coût pour l'entreprise.

Déclaration européenne de services

Les holdings doivent déclarer à travers la Déclaration européenne de services les prestations réalisées à des sociétés établies dans un autre Etat membre de l'Union européenne et qui sont soumises à la TVA dans cet Etat par le biais du mécanisme d'autoliquidation (facturation HT).

Déclaration de taxe sur les salaires

Une holding qui perçoit des dividendes pour plus de 10% de son chiffre d'affaires ou d'autres produits financiers pourra être soumise à la taxe sur les salaires.

Dans ce contexte, la société doit déposer annuellement a minima une déclaration de taxe sur les salaires.

Pour rappel, cette taxe s'applique aux salaires versés par les sociétés qui disposent d'un chiffre d'affaires non soumis à la TVA pour plus de 10% du total de chiffre d'affaires perçu par la société.

Conservation des justificatifs

Face aux contrôles fiscaux, les societes holding doivent archiver méticuleusement les preuves de leurs activités imposables. Cette rigueur concerne particulièrement les filiales d'un groupe, où les flux financiers sont multiples.

  • Factures d'achat : Chaque document doit mentionner numéro, date, identification des parties, description précise des biens, prix HT, taux de taxe appliqué et montant TTC.
  • Factures de vente : Lorsqu'une holding facture des services à ses filiales, les mentions légales s'appliquent comme pour toute societe.
  • Documentation en lien avec les produits financiers accessoires : la société, si elle exclut des calculs les produits financiers accessoires, devra être à même de démontrer qu'elle remplit les conditions de ce régime dérogatoire. Elle devra donc pouvoir communiquer à l'Inspecteur la documentation qui démontre que son coefficient de taxation est égal à 1.
  • Déclarations de TVA : Les CA3 et CA12 synthétisent les activités taxables et la TVA à déduire, éléments déterminants pour calculer le coefficient applicable.
  • Documents comptables : Journaux, grands livres et balances constituent des preuves essentielles pour justifier la possibilité de déduire la TVA.

Une comptabilité irréprochable et le respect des obligations déclaratives jouent un rôle clé pour éviter les redressements fiscaux. Ceci vaut particulièrement lorsqu'une societe holding cherche à déduire sa TVA. Les dépenses engagées doivent toujours correspondre à des activités réelles du groupe.

Stratégies d'optimisation fiscale

Choix de structure juridique avantageuse

Le choix de la forme juridique influence directement le régime fiscal d'une société. La SAS présente une flexibilité accrue pour organiser sa gestion interne, notamment pour les holdings souhaitant adapter leur fonctionnement à des activités spécifiques. À l'inverse, la SARL impose un cadre plus rigide qui peut toutefois convenir à certaines entreprises familiales. La SARL peut toutefois permettre dans certains cas d'optimiser la rémunération du dirigeant au titre de la taxe sur les salaires : cela peut donc être intéressant en fonction de la structuration de l'activité du groupe.

Cette analyse comparative entre SAS et SARL s'avère donc nécessaire lors de la création d'une société holding.

Externalisation sélective des services

L'optimisation des flux financiers intragroupe requiert une attention particulière sur la récupération de TVA.

Quand une holding fournit des services managériaux à ses filiales, la TVA est applicable sur ces opérations. 

Dans ce contexte, la mise en place d'un Groupe TVA permet souvent de rationaliser la gestion des taxes pour l'ensemble du groupe lorsque les filiales ne disposent pas de droit à déduction.

Jurisprudence et évolutions réglementaires

Arrêts marquants du Conseil d'État

L'étude des décisions récentes du Conseil d'État s'avère primordiale pour appréhender les enjeux de l'immixtion de la holding dans les activités de ses filiales. Prenons un cas concret : la possibilité de déduire la TVA pour une holding dépend directement de son implication active dans la gestion opérationnelle de ses filiales. Le Conseil d'État a sollicité l'avis de la CJUE concernant le degré d'intervention requis dans les sociétés du groupe : ainsi, des prestations de services comme des management fees ou encore un bail immobilier peuvent permettre de démontrer une immixtion. La holding est dès lors considérée comme active en matière de TVA.

Le Conseil d'Etat a précisé toutefois que pour déduire intégralement la TVA dans une holding qui perçoit des dividendes, la holding doit démontrer qu'elle réalise des services à chacune des filiales qui versent des dividendes.

Signalons qu'une holding passive, sans réelle influence sur les activités de ses filiales, perd son statut d'assujettie à la TVA.

FAQ

Quelles sont les conséquences spécifiques en termes de TVA pour une holding qui change de statut, passant de pure à animatrice, en cours d'exercice fiscal ?

Le passage d'une holding pure à animatrice en cours d'exercice fiscal implique un assujettissement à la TVA. La holding doit collecter la TVA sur les prestations facturées à ses filiales et acquiert le droit de déduire la TVA sur ses propres achats liés à ces activités taxables.

Ce changement nécessite des déclarations de TVA régulières et potentiellement une régularisation des déductions. Il est crucial de signaler ce changement à l'administration fiscale et de se faire accompagner par un expert-comptable pour optimiser la situation fiscale.

Comment la nature des dépenses  influence-t-elle la déductibilité de la TVA pour une holding animatrice ?

La déductibilité de la TVA pour une holding animatrice est directement liée à la nature des dépenses et à leur affectation à des activités soumises à la TVA. Contrairement à une holding pure, une holding animatrice s'immisce dans la gestion de ses filiales, rendant ses services généralement assujettis à la TVA.

La facturation des services est une condition essentielle pour la déduction de la TVA. Le coefficient de taxation, calculé en fonction du chiffre d'affaires soumis à la TVA par rapport au chiffre d'affaires total, limite le droit à déduction sur certaines dépenses. Une analyse au cas par cas doit être réalisée.

Quelles sont les spécificités de la TVA applicables aux holdings qui réalisent des opérations immobilières (achat, vente, location) en plus de leurs activités de gestion de participations ?

Les spécificités de la TVA pour les holdings réalisant des opérations immobilières dépendent du type de holding (pure ou animatrice) et de la nature des opérations. Une holding pure n'est généralement pas assujettie à la TVA, mais peut le devenir si elle réalise des opérations immobilières soumise à la TVA (location équipée ou nue sur option par exemple)

Une holding animatrice, déjà assujettie à la TVA pour ses services aux filiales, sera également soumise à la TVA pour ses opérations immobilières. Ces opérations incluent la vente d'immeubles neufs et la location d'immeubles meublés.

Existe-t-il des seuils spécifiques de chiffre d'affaires ou d'activité au-delà desquels une holding pure devient automatiquement assujettie à la TVA ?

Non, l'assujettissement à la TVA pour une holding ne dépend pas de seuils de chiffre d'affaires, mais de la nature de son activité. Une holding pure, dont l'activité se limite à la gestion de participations, n'est généralement pas assujettie à la TVA.

En revanche, une holding animatrice, qui participe activement à la gestion de ses filiales en leur fournissant des services, est considérée comme exerçant une activité économique et est donc assujettie à la TVA sur les services facturés.

Comment la TVA est-elle gérée dans le cas d'une holding qui finance ses filiales via des avances en compte courant, et non par des prêts formels ?

La gestion de la TVA pour une holding finançant ses filiales par avances en compte courant dépend de sa nature (pure ou animatrice). Une holding pure n'est généralement pas assujettie à la TVA.

Une holding animatrice, qui participe activement à la gestion de ses filiales, est généralement soumise à la TVA. Si elle facture des intérêts sur ces avances, ils peuvent être considérés comme une prestation de services mais la perception d'intérêt étant exonérée sans droit à déduction (si la filiale est établie dans l'UE), la holding ne pourra pas déduire la TVA.

Quelles sont les bonnes pratiques pour documenter et justifier l'immixtion managériale d'une holding animatrice auprès de l'administration fiscale afin de sécuriser la déduction de la TVA ?

Pour sécuriser la déduction de la TVA par une holding animatrice, il est crucial de documenter et justifier son immixtion de la holding envers ces filiales. La holding doit impérativement facturer ses services de gestion aux filiales.

Les bonnes pratiques incluent la mise en place d'une convention d'animation et d'assistance, la preuve du caractère effectif de l'animation, et la justification de la nature des services facturés. Un faisceau d'indices doit démontrer l'immixtion de la holding dans la gestion des filiales.

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